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Leaves of Grass : feuilles d’herbe, feuilles d’arbre, feuille de poèmes, Whitman relie la croissance de la végétation la plus humble à celle de sa vie et à celle de ses poèmes1. Entre les feuilles reprend la polysémie de « feuilles » dans un contexte écopoétique et géopoétique où l’étude de la végétation, des lieux et de leur histoire sont mis en relation avec des textes littéraires. Parmi les feuilles de végétaux et celles de livres multiples, le lecteur explorera quatre espaces : l’herbier, le jardin, le champ et la forêt. Cet ouvrage offre la synthèse d’enquêtes menées depuis 2017 dans le cadre du groupe de recherche « L’imaginaire botanique et la sensibilité écologique » organisé par des explorateurs de terrains et de bibliothèques appartenant à plusieurs universités du Québec. L’approche botanique de la littérature est fondée sur des pratiques collectives : lectures et écritures partagées, marches en forêt, observations sur le terrain des plantes et de leurs lieux de prédilection, jardinage, plantation d’arbres2… Comment la littérature permet-elle de se connecter avec le végétal ? Comment permet-elle de s’ouvrir à l’altérité radicale des plantes ? L’essai articule de manière rigoureuse et subtile ces expériences sensibles de couleurs, de textures, d’odeurs « boisées, florales, fétides ou sucrées » à des études lexicales précises et aux analyses de trente œuvres littéraires contemporaines, publiées depuis 1980 ; la majorité du corpus se situe entre 2000 et 2021. Il comprend une grande variété de genres : roman, récit de voyage, récit historique, herbier littéraire, thriller, roman apocalyptique. L’éclatement des genres littéraires est une des manières d’approcher « l’altérité végétale ». Au fil des études, d’autres « stratégies » apparaissent : conjugaison des registres vernaculaires et botaniques ; emprunts à différentes langues ; invention de plantes fictives ; plantes narratrices ; superposition de plusieurs trames narratives… La problématique de « l’approche botanique des textes littéraires » part du postulat « selon lequel les plantes ont leur propre manière d’être dans le monde ». Il s’agit « d’observer comment celle-ci est articulée dans l’espace du récit ». Le parti pris est résolument transdisciplinaire puisqu’il sollicite l’histoire culturelle, l’écopoétique, la philosophie, l’histoire, la géographie, des savoirs autochtones, et la botanique abordée selon des méthodes scientifiques, mais aucun scientifique n’a participé à l’analyse des textes↧