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Un surréaliste insaisissable

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Un surréaliste insaisissable

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« Non seulement la tête la plus forte (longtemps couplée avec Magritte) du surréalisme en Belgique, mais l’une des plus fortes de ce temps », selon Francis Ponge1, Paul Nougé n’est plus un auteur confidentiel depuis les années 1950 : réédition de ses écrits par Marcel Mariën aux « Lèvres Nues » (Bruxelles), puis chez « L’Âge d’Homme » (Lausanne), Didier Devillez (Bruxelles) et d’autres éditeurs ; articles savants dans diverses revues ; biographie d’Olivier Smolders (Archives du Futur, 1995) ; thèses de doctorat ; volumineux essai de Geneviève Michel (Peter Lang, 2011), etc. De toutes ces publications se dégage, on le sait, l’image d’un intellectuel-écrivain peu com-mun, perspicace et incisif, précurseur sur bien des points, méfiant à l’égard de toute chose préten-dument établie, d’une large curiosité culturelle, sans compter un talent affirmé d’animateur. Pour-quoi la revue Textyles a-t-elle entrepris d’y revenir une fois encore ? Certes pas pour un énième panoramique ou une nouvelle synthèse. Il s’agit plutôt d’aborder certains aspects jusqu’ici peu ou pas explorés, tant de l’œuvre que de l’homme Nougé. Aspects secondaires, pourrait-on croire, mais dont l’examen dessert un projet névralgique : rectifier certaines approximations, approfondir l’extrême complexité du personnage et de l’écrivain, dont la créativité s’étayait sur de nombreux paradoxes ; et, par là, désamorcer tout risque de retombée dans une image simpliste ou réductrice. Effacement de la figure de l’auteur Un trait fondamental, chez Nougé, est l’effacement de l’ego — non seulement le sien propre, comme il en a précocement pris l’habitude, mais celui d’écrivains qui le précèdent et dont il récrit partiellement certains textes. À propos des tracts de Correspondance, Maxime Thiry souligne que certains ne sont pas signés, d’autres comportant deux ou trois signatures ; et que, d’autre part, ils regorgent d’emprunts non référencés à des textes antérieurs. En deux colonnes, une comparaison entre la version de Jean Paulhan et celle de Paul Nougé montre que si la première reste identifiable dans la seconde, celle-ci constitue une effective quoique discrète subversion de la signification propre au modèle. Même procédé à propos d’un extrait du scientifique Henri Poincaré, mais ici la version nougéenne, très succincte, tient davantage du commentaire ironique. Dans tous les cas, c’est le principe même de la propriété auctoriale du texte qui se trouve mis à mal. Dès 1925, Paul Nougé fait œuvre de précurseu

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