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Traduit par Pierre Rusch
Prenant comme point de départ la polémique autour de l'historien camerounais Achille Mbembe en Allemagne en 2020, Natan Sznaider met en perspective, sous l'angle de la sociologie de la connaissance, deux récits moraux qui semblent s'exclure mutuellement. Quel événement, de l'Holocauste ou du colonialisme, constitue l'archétype des plus grands crimes de l'histoire de l'humanité ? Les mémoires européenne et non européenne semblent irréconciliables sur ce point, chaque partie revendiquant de tirer les leçons d'une histoire cruelle, et donc de se trouver du bon côté de l'Histoire. Le débat ne peut-il donc qu'être unilatéral ?En revenant sur les penseurs qui ont marqué la réflexion sur cette question jusqu'à aujourd'hui, comme Claude Lanzmann, Frantz Fanon, Hannah Arendt et Edward Said, l'auteur entreprend de faire émerger la possibilité d'une troisième voie, au-delà de la dichotomie entre l'universalisme et le particularisme. Une voie où universaliser n'est pas relativiser les expériences particulières
Sommaire :
Préface à l'édition française
Introduction – Les conséquences d'une distinction : Achille Mbembe en Allemagne
Vivre dans et avec l'impossible
Karl Mannheim : Hongrois, Juif, Allemand
Alfred Dreyfus et la lecture arendtienne de Kafka : la vie juive dans l'impossible
Hannah Arendt : Juive, Allemande, Américaine
Claude Lanzmann et Frantz Fanon. Deux Français : un Juif, un Noir
Albert Memmi : Juif, Tunisien, Français
Edward Said : Chrétien, Arabe, Américain
Points de fuite de la mémoire
Israël, point de fuite colonial, anticolonial et postcolonial
Holocauste et génocide : une impossible place au soleil – L'héritage (post)colonial de l'Allemagne
La double conscience : racisme et antisémitisme
Références bibliographiques
Index de personnes