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Mildred Aldrich, Une colline sur la Marne. Lettres de guerre du 3 juin au 8 septembre 1914

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Près d’un siècle après sa disparition, il est plus que juste de rendre enfin accessible en français le précieux témoignage de l’Américaine Mildred Aldrich, dont l’œuvre, à la croisée de l’histoire et de la littérature, mérite d’être célébrée.

Née le 16 novembre 1853 à Providence, Rhode Island, Mildred Aldrich, journaliste, écrivain et traductrice, offre un récit saisissant de la première bataille de la Marne en 1914, qu’elle observe, presque par un caprice du destin, depuis sa modeste retraite en France. Rien, dans son parcours, ne semblait la prédestiner à devenir une témoin privilégiée de ce tournant de la Première Guerre mondiale. Après une jeunesse à Boston, où elle se forme à l’Everett High School et enseigne brièvement, Mildred, passionnée de théâtre et de culture, se tourne vers le journalisme culturel. Elle collabore avec des publications telles que le Boston Home Journal, le Boston Journal ou encore le Boston Herald, et prend même la direction éphémère du magazine The Mahogany Tree en 1892. Mais à quarante-cinq ans, cette femme célibataire, éduquée et assoiffée de nouveaux horizons, ressent les limites de Boston et rêve d’expatriation.

Attirée par le bouillonnement culturel de la France, Mildred s’installe à Paris en 1898, où elle fréquente un cercle d’intellectuels américains, dont Gertrude Stein et Alice B. Toklas. Paris, alors épicentre de la créativité et de la pensée progressiste, représente pour elle une émancipation des conventions rigides de l’Amérique. Elle y travaille comme correspondante de presse, traductrice et agente pour des producteurs de théâtre américains, tout en continuant à écrire pour des magazines outre-Atlantique.
Mais après quelques années, lassée par l’effervescence parisienne et sentant les années peser, Mildred aspire à une vie plus paisible. Contre l’avis de ses amis, elle choisit de s’établir dans une petite maison à Huiry, un hameau nommé La Creste, perché au-dessus de la vallée de la Marne, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Ce choix, mûrement réfléchi, répond à son désir de vieillir sereinement dans un cadre bucolique, tout en restant dans les limites de son budget. Elle y recherche, comme elle l’écrit, « le calme, la tranquillité, la paix parfaite ». Ironie du sort, c’est là, dans ce refuge choisi pour sa quiétude, que la guerre la rattrape. En septembre 1914, la première bataille de la Marne éclate sous ses fenêtres, faisant de Mildred une spectatrice involontaire mais privilégiée d’un moment décisif du conflit.

Malgré les supplications de ses proches, qui l’exhortent à rentrer aux États-Unis, Mildred choisit de rester. Trois raisons expliquent cette décision. D’abord, son amour profond pour la France et ses habitants, qu’elle a adoptée comme sa patrie de cœur. Ensuite, son instinct de journaliste, qui la pousse à documenter ce dont elle est témoin. Enfin, sa conviction dans la cause des Alliés, qui la conduit à vouloir influencer l’opinion publique américaine, alors encore neutre, par ses écrits. Ses livres, notamment A Hilltop on the Marne (1915), dont la traduction par Anna Alexis Michel est ici proposée, pourraient bien avoir contribué à l’entrée en guerre des États-Unis en 1917.


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