Référence bibliographique : Arts et Savoirs , 4: Herbert Spencer en France: mise au jour d’une influence, Laboratoire LISAA EA 4120, 2014.Le numéro 4 de la revue en ligne Art et Savoirs vient de paraître : http://lisaa.u-pem.fr/arts-et-savoirs/http://lisaa.u-pem.fr/arts-et-savoirs/arts-et-savoirs-n-4/ISSN 2258-093XNuméro dirigé par Niklas BenderHerbert Spencer (1820-1903) est un des intellectuels anglais les plus importants du XIX e siècle : penseur universaliste et écrivain prolifique, il a conçu une oeuvre importante, qui relève à la fois de plusieurs domaines philosophiques, de la sociologie, de la psychologie, de la biologie, ainsi que de la politique. Spencer commence sa carrière dans un esprit optimiste ; philosophiquement, il cherche à réconcilier théologie et science dans la notion de l’Inconnu ; politiquement, il prône un libéralisme « radical », promeut l’égalité des sexes et tente de réformer la société anglaise par une « land reform ». En toile de fond, on discerne une conception de l’évolution, qui, entendue comme amélioration progressive de la nature et de l’homme, dicte la marche. Puis un certain scepticisme se fait jour dans l’oeuvre de maturité. Spencer émet des doutes concernant les systèmes scientifiques ; l’évolution se réduit désormais à une adaptation passive à l’extérieur. En politique, ses idées libérales persistent, mais sont à défendre contre un socialisme qui lui semble de plus en plus menaçant.L’œuvre de Spencer englobe donc une pluralité de domaines et sa position est complexe. Il en résulte des malentendus persistants (« darwinisme social », lutte pour la survie économique, etc.). Qui plus est, dès 1862, année de la publication de First Principles , Spencer prétend fournir une philosophie globale permettant de comprendre la totalité du savoir humain. Il va plus loin encore : en se posant en vulgarisateur des acquis scientifiques, il gagne les faveurs du grand public. Ses réflexions ont séduit des esprits exigeants : George Eliot, Charles Darwin, Friedrich Nietzsche, ou encore Theodore Dreiser.L’importance de Spencer est avérée dans certaines disciplines, et méconnue dans d’autres : alors que son apport à la fondation de la sociologie et au développement du libéralisme politique semble indiscutable, ses réflexions esthétiques et stylistiques sont tombées dans l’oubli. Le cas s’aggrave si on passe la Manche : en France, où ses œuvres sont traduites relativement tôt, Spencer est rarement mentionné. Alors que Flaubert et Maupassant le mentionnent dans leur échange épistolaire, que Zola évoque ses prises de position dans Le Docteur Pascal , que Paul Bourget le fait surgir dans Le Disciple et que Rémy de Gourmont lui dédie un chapitre de ses Promenades philosophiques, dans la critique littéraire française, il n’existe pas encore de réflexion générale consacrée à l’influence de l’oeuvre spencérienne sur le champ culturel français.Ce numéro de la revue Arts et Savoirs comble une lacune d’autant plus regrettable que la pensée de Spencer permet d’aborder les préoccupations principales de la culture européenne du XIX e siècle. Il s’agit d’évoquer le paysage intellectuel entre 1850 et 1900, ainsi que le transfert des savoirs entre l’Angleterre, la France et l’Allemagne.L’étude de Spencer permet d’aborder pratiquement tous les sujets qui ont fait débat à l’époque : la question de l’évolution et du progrès, la synthèse des savoirs, les limites de la science, le rapport entre biologie et sociologie ou psychologie, l’impact des savoirs biologiques dans la politique.En outre, une réflexion sur l’œuvre et sur l’influence de Spencer permet de cerner la place de la littérature dans le champ des savoirs en général, et plus particulièrement l’influence qu’exercent les sciences de la vie. Par voie de conséquence, le dossier privilégie une approche pluridisciplinaire qui permet non seulement de rendre justice à une œuvre d’envergure, mais aussi de retrouver cet esprit de curiosité intellectuelle, à visée universaliste qui a dominé le XIX e siècle.Accès direct au numéro…SOMMAIREIntroductionNiklas BENDERNietzsche lecteur de The Data of Ethics :une critique évolutionniste de la morale de SpencerEmmanuel SALANSKISUn moment spencérien aux origines de la psychologie « scientifique » française?L'Hérédité psychologique de Théodule RibotRégine PLASComment s’écarter de Spencer? Le cas Jean-Marie GuyauJean-Louis CABANÈSLes idées éducatives de Spencer en FranceDominique OTTAVIHerbert Spencer et la critique scientifique: Taine, Hennequin, BrunetièreMarie GUTHMÜLLERFlaubert lecteur de Spencer.De l’éducation intellectuelle, morale et physique dans Bouvard et PécuchetY van LECLERCPrésences de Spencer dans l’œuvre de MaupassantAntonia FONYILa théorie et ses abîmes : Herbert Spencer dans Le Disciple de Paul BourgetNiklas BENDERFlaubert, Spencer et le paradigme évolutionnisteGisèle SÉGINGERTexte intégral en format PDF
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