**
un mot cherche mon cœur moi autour de luije cherche comment s’accroche à son présentun peu de cette chose qui flotte ici1 Propos recueillis et traduits par Caroline Payen. Lire en VO Dans cet entretien, le poète et traducteur espagnol Miguel Casado aborde concrètement son travail de traducteur, tout en approfondissant certaines réflexions développées dans son essai théorique sur la traduction, « L’expérience de l’étranger », dont nous avons donné la traduction intégrale. En présentant sa méthode de travail, les difficultés rencontrées et les solutions adoptées pour traduire des auteurs tels que Bernard Noël, Rimbaud, Ponge ou encore la poète chinoise Liu Xia, il souligne l’importance décisive de la littéralité et de la recherche du ton. Pour Miguel Casado, le traducteur, un « lecteur qui écrit ce qu’il entend », se met « à la disposition du poème ». Il précise les concepts de nettoyage et d’altérité, et offre une réflexion sur la poésie contemporaine à travers sa pratique et sa lecture de traductions. * Caroline Payen — Depuis la publication de votre essai « La experiencia de lo extranjero » [« L’expérience de l’étranger2 »] en 2004, vous vous êtes davantage consacré à la traduction poétique en tant que telle. Vous avez traduit de nombreux poètes, parmi lesquels Francis Ponge, Arthur Rimbaud ou encore, plus récemment, Bernard Noël3. Comment considérez-vous aujourd’hui les réflexions que vous aviez développées dans cet essai ? Ont-elles évolué ? Miguel Casado — Oui, j’ai beaucoup traduit depuis, mais je ne suis pas revenu à une réflexion critique sur la traduction. J’ai coordonné, avec trois autres traducteurs, un cycle de tables rondes qui a donné lieu à un ouvrage collectif, Pedir la luna. Una reflexión colectiva sobre el arte de traducir4 [Demander la lune. Une réflexion collective sur l’art de la traduction]. J’ai également écrit un essai sur les traductions de Leopoldo María Panero qui est inclus dans mon livre Un discurso republicano5 [Un discours républicain]. Mais, à proprement parler, je n’ai presque plus écrit sur la traduction. Dernièrement, je me suis replongé dans l’œuvre de Rimbaud, car je prépare la traduction de sa poésie complète, et j’ai traduit des poètes français que j’apprécie, comme Roberto San Geroteo6 et Jean-Yves Bériou7. Par ailleurs, certaines traductions depuis d’autres langues que le français, comme celle de Gastão Cruz8 depuis le portugais, ou plus récemment celle de Liu Xia9 depuis le chinois, qui est paru l’automne dernier, o↧