**
À l’heure à laquelle l’humain est soumis parfois à une superposition des régimes d’historicité impactés par la conflictualité (les guerres traditionnelles et une idéologie politique représentée par les enjeux de la « nature »), il semble se mettre en place en Occident une réflexion interdisciplinaire qui convoque les compétences des anthropologues, des philosophes, des juristes qui travaillent sur le droit du vivant, le droit de l’environnement. Un certain nombre d’entre eux prêtent leurs plumes à des fictions (réflexions aux ambitions esthétiques) tout en engageant le bagage conceptuel qu’ils ont appris à maîtriser grâce à leurs formations scientifiques. Nous laissons l’étude du croisement entre fiction et histoire, fiction et anthropologie… à d’autres collègues et nous nous intéressons dans le cadre de cet article à la « contamination » de la fiction par des philosophes contemporains du vivant (Vinciane Despret, Donna Haraway, Baptiste Morizot) en analysant notamment les travaux d’Olivier Remaud, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, auteur de plusieurs ouvrages comme Solitude volontaire (Albin Michel, 2017), Un monde étrange : Pour une autre approche du cosmopolitisme (P.U.F., 2019), Michelet : La Magistrature de l’histoire (Michalon, 1998 ; réédition, 2010), mais aussi des (non)fictions retenues pour cette analyse Quand les montagnes dansent, récits de la Terre intime (Actes Sud, 2023), postface de Valentine Goby et Penser comme un iceberg, Actes Sud, 2020 (réédition Babel poche, 2023), postface d’Anne-Marie Garat. Quand les montagnes dansent et Penser comme un iceberg exposent les enjeux épistémologiques de deux personnages « naturels » : la montagne et l’iceberg. Olivier Remaud met ainsi en jeu différentes approches de l’écologie. Ces deux (non)fictions intertextuelles1, qui s’organisent dans un dialogue interdisciplinaire, proposent-elles également leurs propres pistes de réflexion ? Puisque de nouvelles règles de vie et de nouveaux champs de rationalités se dessinent pour l’être humain et son environnement culturel et politique, pouvons-nous envisager une méthode en philosophie contemporaine du vivant, en évoquant, par exemple, une démarche d’investigation critique raisonnée à propos de plusieurs éléments (nouvelles formes institutionnelles, langage) ? Ces éléments se modifient quand l’humain renonce à sa position centrale afin de la partager avec d’autres vivants. De quelle manière cet exercice interdisciplinaire in↧