Quantcast
Channel: Fabula : Toutes les annonces
Viewing all articles
Browse latest Browse all 55431

L’œil et la flèche : variations sur l’innamoramento dans les Œuvres de Louise Labé

$
0
0

L’œil et la flèche : variations sur l’innamoramento dans les Œuvres de Louise Labé

**

L’innamoramento, que l’on pourrait traduire en français par l’énamourement, c’est-à-dire la naissance du sentiment amoureux, est un thème clef des Œuvres de Louise Labé, puisqu’il apparaît aussi bien dans le « Débat de Folie et d’Amour » que dans les « Élégies » et les « Sonnets ». Il s’agit de fait d’un passage obligé des recueils d’amour pétrarquistes, dans la tradition desquels se situent clairement ces « écrits pleins d’amoureuses noises »1. Cette première étape de l’aventure amoureuse a été bien étudiée chez les poètes de la Pléiade2 ou encore chez Maurice Scève3, mais beaucoup moins chez Louise Labé. Pourtant, comme nous tenterons de le montrer, le « choc amoureux »4 y est traité d’une manière très originale, dans un rapport complexe d’hommage et de transgression par rapport à la tradition poétique et philosophique, qui en dit long sur la volonté de l’autrice de faire émerger une voix propre. Pétrarque, la philosophie néo-platonicienne de l’amour et la poésie lyonnaise : théories et poétiques de l’innamoramento Avant d’en venir à la manière dont Louise Labé réinvestit le motif de l’innamoramento, voyons quelles en sont les principales caractéristiques, au moment où paraissent ses Œuvres à Lyon en 1555. Les grands traits en sont d’abord fixés par Pétrarque (1304-1374) dans ses Rime sparse dont Louise Labé devait avoir une connaissance directe, étant donné la diffusion du texte à la fois en italien et en traduction française. Rappelons en particulier que Jean de Tournes, l’éditeur de Louise Labé, donne en 1545 une édition (republiée en 1547 et en 1550) des Rime sparse et des Trionfi sous le titre Il Petrarca, avec une préface adressée à Maurice Scève. Chez Pétrarque, l’innamoramento est d’abord précisément daté : il a lieu le 6 avril 1327. C’est ce jour-là, en l’église Sainte-Claire d’Avignon, que le poète, alors âgé de vingt-trois ans, rencontre Laure pour la première fois : En mil trois cent vingt-sept. ExactementL’heure de prime, au sixième d’avril,J’entrai au labyrinthe, et n’en vois pas l’issue. [Mille trecento ventisette. A puntoSu l’ora prima, il dì sesto d’aprile,Nel laberinto intrai, né veggio ond’esca.]5 Cet événement fondateur – l’entrée dans l’inextricable « labyrinthe » amoureux – sert de repère temporel tout au long des trois-cent-soixante-six pièces qui composent le recueil, comme le montrent les poèmes-anniversaires situés sept (sextine 30), dix (chanson 50), onze (sonnet 62), quatorze (sonnets 79 et 101), quinze (sonnets 107 et 145),

Viewing all articles
Browse latest Browse all 55431

Trending Articles