Quantcast
Channel: Fabula : Toutes les annonces
Viewing all articles
Browse latest Browse all 55382

Un « féminisme agressif » ? L’inconstance au féminin dans La Place Royale 

$
0
0

Un « féminisme agressif » ? L’inconstance au féminin dans La Place Royale 

**

J’étais en train de songer – assez vaguement je l’admets – à me dépêtrer du sujet quelque peu vaseux que j’avais annoncé – « Relances et reconnaissances de l’image » –, tout en relisant paresseusement mes textes favoris de l’Anthologie de la poésie baroque française de Jean Rousset, quand je tombai en arrêt devant cette note à laquelle je n’avais jamais vraiment prêté attention, qui porte sur un extrait de La Place Royale retenu par le critique genevois dans la section « Protée ou l’inconstance » : C’est l’inconstante Phylis qui parle ; Phylis incarne non seulement une forme de féminisme agressif, entre la Corisca du Pastor fido et l’Armande de Molière, mais surtout le « change » cornélien ; c’est le thème de la pièce, que porte au paroxysme le pendant masculin de Phylis, Alidor ; c’est lui qui prend la parole dans le fragment suivant. (Rousset 1961, p. 264) Sur le coup, ce passage m’a véritablement désarçonné : Rousset annonce un sujet pour le moins intrigant avant d’anéantir son petit effet en le rabattant sur un topos éculé, ce qui n’est d’ordinaire pas son habitude. Très intrigué, j’ai donc relu séance tenante ce qu’il avait écrit sur La Place Royale dans sa grande thèse de 1953, La Littérature de l’âge baroque en France, avant de revenir à l’Anthologie, et ma surprise a augmenté. Je livre ici le résultat de mes recherches sur l’appréhension du personnage de Phylis par Rousset et quelques autres. Je reviendrai ensuite sur le texte de Corneille. Dans sa thèse, Rousset cite un condensé de l’extrait qu’il donnera huit ans plus tard dans l’Anthologie : Pour moi, déclare Phylis, j’aime un chacun…Le premier qui m’en conte a de quoi m’engager…Tout le monde me plaît, et rien ne m’importune.De mille que je rends l’un de l’autre jaloux,Mon cœur n’est à pas un et se promet à tous… Il le commente en ces termes : C’est le moyen de n’être qu’à soi, de ne dépendre de personne et de ne pas souffrir ; elle fait de l’amour une sorte de ballon libre, dégagé de tout lien avec un être particulier ; bien entendu, elle le vide de toute substance, mais elle n’en a cure puisqu’elle ne se soucie que d’être indifférente et incertaine, c’est-à-dire apte à aimer n’importe qui ; quand on n’aime personne, on aime tout le monde. (Rousset 1953, p. 207) On perçoit d’emblée dans ce passage une certaine désapprobation, ou du moins une absence d’a priori favorable à l’endroit du personnage, accusé de réduire à néant le sentiment amoureux. Cependant, on reste dans le cadre d’une analyse

Viewing all articles
Browse latest Browse all 55382

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>