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Comment annoter la scène du marché aux esclaves dans le Voyage en Orient de Nerval

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Comment annoter la scène du marché aux esclaves dans le Voyage en Orient de Nerval

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Dans un article à la fois très documenté et très critique à l’égard du regard européen sur l’esclavage, publié en 2016 dans le Journal des africanistes et intitulé « Des Européens au marché aux esclaves : stade suprême de l’exotisme ? Égypte, première moitié du xixe siècle », l’anthropologue Roger Botte, qui considère que Nerval est « le précurseur en France du racisme littéraire », écrit à la note 56 de cet article : « Moussa [...] fait justement le rapprochement entre Nerval et les thèses polygénistes, mais il l’exonère finalement de tout discours racialiste. » (Botte, 2016). L’auteur renvoie ici à une étude (disponible sur HAL depuis 2013) que j’avais publiée en 2009 dans un volume collectif paru en Pologne, La Perspective interdisciplinaire des études françaises et francophones. Cet article, intitulé « La couleur des esclaves dans le Voyage en Orient de Nerval » (Moussa, 2009), disait pourtant le contraire de ce que prétend Roger Botte. S’il est difficile de savoir comment on peut en arriver à un tel contresens, il n’en reste pas moins que nous sommes entrés dans une période nouvelle où les études postcoloniales ne peuvent plus être ignorées, et où elles font donc l’objet de débats. Elles donnent lieu à des discussions méthodologiques, en France, non seulement chez les spécialistes d’études anglaises et américaines, pour qui leur prise en compte est beaucoup plus naturelle pour des raisons linguistiques, mais aussi, désormais et de plus en plus, chez les historiens, les anthropologues, les politologues, ainsi que chez les littéraires, et, plus encore, chez les comparatistes. C’est donc dans ce contexte que je souhaite réexaminer la façon dont la scène du marché aux esclaves, dans le Voyage en Orient de Nerval, a été commentée (ou non) par ses différents éditeurs, tout en l’ouvrant sur une réflexion concernant l’héritage français d’Orientalism (1978) d’Edward Said. Mais avant d’en arriver là, il est nécessaire de revenir à mon commentaire de cet épisode nervalien, dont on verra qu’il va très largement dans le sens de celui de Roger Botte, s’agissant des esclaves noires décrites dans Les Femmes du Caire. Mon article visait justement à ne pas exonérer Nerval d’un discours négrophobe qui traverse à l’évidence l’épisode du marché aux esclaves, l’un des éléments de ma démonstration consistant à faire la contre-épreuve en examinant comment les esclaves blanches sont représentées (elles échappent non par hasard au regard raciste), sans parler de Zeynab elle-mê

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